Faire Confiance Malgré Tout
Il m’arrive de sourire doucement quand j’entends quelqu’un dire : « Dans la vie, il ne faut faire confiance à personne. »
Car cette phrase, aussi catégorique soit-elle, vient souvent d’un endroit blessé.
Oui, la confiance est fragile.
Oui, certaines personnes ne la méritent pas.
Mais peut-on vraiment vivre sans jamais faire confiance ? Comment l’âme pourrait-elle trouver la paix en restant perpétuellement fermée ?
Nous devons continuer à faire confiance.
Mais cette fois, en pleine conscience.
En sachant à qui, dans quelle mesure, et combien de fois accorder cette confiance.
On nous a longtemps appris que faire confiance, c’était être pur.
Que donner sa confiance, c’était une preuve de bonté.
Et qu’inspirer la confiance, c’était une forme de valeur.
Mais avec le temps et l’expérience, nous avons compris que l’essentiel ne réside pas seulement dans la bonté elle-même, mais dans la manière, le lieu, et la personne à qui nous offrons cette bonté.
En côtoyant les gens, nous avons vu que beaucoup cherchent la faute.
Un mot mal interprété, une action mal perçue, une expression du visage — tout peut devenir prétexte à juger.
Peu regardent le cœur ; ils grossissent l’erreur au lieu de considérer l’intention.
Malheureusement, cette tendance est fréquente.
Certains abusent de la confiance, doutent de la sincérité, et attendent la moindre faille pour dire : « Voilà son vrai visage. »
Autrefois, nos portes restaient ouvertes — au sens propre comme au figuré.
Nos cœurs aussi. Nos intentions étaient claires.
On s’attendait à ce que les autres pensent comme nous, avec la même bienveillance.
Mais on a appris que tout le monde ne partage pas notre vision du monde.
Certains ne viennent pas pour entrer, mais pour voir ce qu’ils peuvent prendre à l’intérieur.
D’autres perçoivent l’ouverture comme une faiblesse.
Et c’est là que commence la prise de conscience.
Nous avons compris que la confiance ne doit pas être inconditionnelle.
Nous avons appris, parfois après avoir été blessés, parfois avant.
Le Prophète Muhammad (paix soit sur lui) disait : « Attache ton chameau, puis remets-toi à Dieu. »
Une leçon de prudence, mais aussi une philosophie de vie.
Faire confiance, c’est beau.
Mais faire confiance sans discernement, ce n’est plus de la bonté, c’est de la naïveté.
L’être humain doit d’abord connaître ses propres limites, puis s’ouvrir aux intentions des autres.
Et voici le point essentiel :
La prudence ne doit jamais altérer la beauté de la confiance.
Parce que la confiance reste l’une des choses les plus précieuses.
Il ne s’agit pas de renoncer à la bonté, mais de savoir à qui et comment l’offrir.
Protéger sa bonté face à la malveillance, c’est aujourd’hui une forme de courage.
Si tu restes honnête quand tout le monde triche,
Si tu continues à chercher l’âme alors que tous scrutent les fautes,
C’est là que ton vrai caractère commence à se révéler.
Tu comprends alors que la bonté doit être offerte à ceux qui la méritent.
Et que la confiance n’est pas un automatisme, mais un acte réfléchi.
Cela ne signifie pas qu’il ne faut plus jamais faire confiance.
Non. L’absence totale de confiance isole.
La véritable question est : à qui, et comment faire confiance ?
Maintenant, nous savons :
Faire confiance, ce n’est pas croire tout le monde.
C’est rester soi-même, malgré tout le monde.
Car faire confiance, ce n’est pas une faiblesse. C’est un choix.
Un choix conscient, mesuré, mais plein de cœur.
Et parfois, rester bon malgré le mal — c’est la plus grande des bontés.
C’est pourquoi nous continuons à faire confiance.
Pas à tout le monde — mais malgré tout le monde.
Parce que nous refusons de laisser la malveillance nous salir intérieurement.
Parce que nous voulons toujours croire qu’il existe des regards sincères qui nous feront dire : « Heureusement que je t’ai rencontré. »
Faire confiance n’est pas facile,
Mais rester digne de confiance, ça l’est encore moins — et c’est ce qui a le plus de valeur.